L’année dernière, 43 ventes relatives à des maisons à plus de 5 millions de francs se sont déroulées sur Genève.
PAR SERGE GUERTCHAKOFF
Les faits sont clairs: en 2019, seules 43 transactions ont abouti sur Genève en ce qui concerne les maisons individuelles de prestige (vendues à plus de 5 millions de francs). Cette statistique ne peut être effectuée que pour le canton du bout du lac, du fait que les prix des opérations immobilières ne sont mal- heureusement pas publiés ailleurs.
Sur ces 43 transactions, 12 se situent dans la tranche de prix allant de 10 à 20 millions de francs et seulement deux dépassent les 20 millions. La plus élevée est la cession du château de Bellerive. Celle-ci s’est élevée à 62 millions et a été suivie d’une seconde vente, portant sur une parcelle adjacente de près de 15 000 m2 cédée en début de cette année pour une somme complémentaire de 44 millions de francs. Ainsi, cette transaction s’est élevée en tout à 106 millions de francs. Jusqu’alors, la propriété appartenait aux héritiers du prince
Sadruddin Aga Khan, ancien haut-com- missaire aux réfugiés auprès des Nations Unies. Ce dernier étant mort sans enfants en 2003, le château est revenu aux trois fils Sursock – les enfants de Catherine Aleya Beriketti Sursock, dernière épouse du prince Aga Khan. L’acquéreuse est Dinara Kulibayeva, fille de l’ex-président du Kazakhstan. Elle avait déjà battu un record lorsqu’elle avait versé 74,7 millions de francs pour une propriété de seulement 8000 m2 à Anières (GE) en 2009.
Comme d’habitude, la majeure partie des transactions portant sur des pro- priétés d’exception touchent un nombre très restreint de communes genevoises: Cologny bien entendu, mais aussi Chêne-Bougeries (grâce à son quartier de Conches, qui n’offre certes aucune vue sur le lac, mais qui a le mérite d’être à quelques minutes du centre-ville et qui dès lors est apprécié des personnes encore très actives), mais aussi Anières et Collonge-Bellerive (y compris Vésenaz). Ces quatre communes repré- sentent les deux tiers des transactions.
Le prix moyen des 43 ventes interve- nues l’an dernier ne s’est élevé qu’à 9,93 millions de francs. Un prix moyen quasiment identique à celui de 2018 (9,916 millions), mais généralement inférieur à ceux des années précédentes: 11,14 millions (en 2017), 10,9 millions (2016), 9,26 millions (2015), 11,1 millions (2014), 11,47 mil- lions (2013) ou encore 11,62 millions (2012).
Deux ventes début 2020
Spécialiste des transactions haut de gamme, Pierre Hagmann, membre de la direction de Pilet & Renaud, constate que «le marché du luxe se situe au- jourd’hui entre 5 et 15 millions de francs. Au-dessus de ce prix, Genève possède actuellement environ une centaine de propriétés à vendre. Or, force est de constater que seules deux d’entre elles ont trouvé preneur en 2019. Cela étant, la situation peut rapidement évoluer, puisque rien qu’en janvier de cette année, deux transac- tions supérieures à 20 millions se sont déroulées.» En effet, le 8 janvier, Alexis Bailo de Spoelberch a versé 30 millions de francs pour une propriété sur Vandœuvres (une parcelle de 5812 m2). Et le 23 janvier, la famille Charlois a acquis une propriété lacustre à Anières (13 199 m2) pour 21 millions de francs. Comme le relève Pierre Hagmann, «il y a surtout très peu de nouveaux arrivants».
Découvrez l'interview réalisée par le magazine Bilan.